ARRESTATION DE LEADERS POLITIQUES
Sous la transition, plusieurs leaders politiques ont été arrêtés sous le couvert de la lutte contre la corruption. Aujourd’hui, des voix s’élèvent pour dénoncer une tentative d’éliminer des potentiels candidats aux prochaines élections présidentielles
Soumeylou Boubèye Maiga, président de l’ASMA ; Moussa Mara, président du parti Yelema ; Oumar Mariko, président du parti SAD…Tous inculpées pour des faits à eux reprochés par la justice. Un quatrième, Housséni Amion Guindo, président de la CODEM, aurait été intimidé à domicile et a dénoncé une tentative d’enlèvement.
Du coup, des voix s’élèvent pour dénoncer une tentative par le pouvoir en place d’écarter de potentiels candidats à la prochaine élection présidentielle. Difficile pourtant de faire un lien direct entre leur incarcération par la justice et les prochaines élections présidentielles. Mais, la question qu’on pourrait être tenté de se poser est
celle de savoir à qui profite l’emprisonne – ment de leaders poli- tiques. Rappelons à ce titre, qu’aucun accusé n’a été jugé et condamné par la justice. Donc, ils bénéficient tous de la présomption d’innocence et pourraient tous être lavés de tout soupçon. Pour le moment, ils sont privés de leur liberté et n’ont donc aucun moyen de se
préparer par rapport aux prochaines élections. Moussa Mara, quant à lui a été inculpé pour des faits qui re – montent lorsqu’il était maire de la commune VI et l’affaire est liée à un problème de foncier. Qu’à cela ne tienne ! La justice est désormais suspendue sur sa tête comme une épée de Damoclès et il doit se préparer dans ce dossier plu – tôt que de préparer les prochaines élections. Rappelons qu’en Aout 2020, un coup d’Etat militaire, a renversé le président IBK, alors qu’il entamait un deuxième et dernier mandat constitutionnel à la tête du pays. Une transition a été installée pour conduire le pays vers des élections présidentielles. Mais cette transition
a été elle-même perturbée en 2021 par un autre coup de force qui a écarté le président et le premier ministre de transition. Depuis, le pays est dirigé par des militaires qui ont nommé un représentant du M5 RFP, mouvement contestataire qui a favorisé la chute du président IBK, premier Ministre. Les arrestations tous azimuts peuvent alors commencer et l’étendard de la lutte contre la corruption et la mauvaise gouvernance est brandi pour envoyer directe – ment en prison des responsables de par- tis politiques. L’arme de la justice s’appelle « mandat de dépôt » qui permet au juge de mettre directement à la disposition d’un responsable pénitentiaire, une personne sur qui pèse des
soupçons de faits susceptibles d’être incriminés en attendant son jugement. Une arme redoutable qui a déjà permis de mettre au gnouf certaines personnalités qui gardent une in – fluence sur la scène politique. C’est le cas des personnes qu’on vient d’évoquer : Soumeylou Boubèye Maiga, ancien premier Ministre est de ces personnalités. De même que Dr Oumar Mariko, un cadre du M5 RFP qui semble ne plus souffler dans la mêle trompette que ses anciens camarades de lutte. Mais la justice a désormais ses raisons que la raison même ignore. Somme toute, nul n’est au-dessus de la loi. Mais, la justice doit s’exercer de façon équitable tout en respectant les droits humains.
Sinaly
Source Le Pouce
