Le genre et le nombre : deux fondamentaux grammaticaux pour bien parler et écrire. Mais si pour la maladie à Coronavirus, nous connaissons bien le nombre (d’infectés de guéris et malheureusement aussi de ceux qui ont cassé la pipe), pour le genre, c’est le sauve qui peut, chacun y allant de son masculin ou son féminin, sans autre forme de procès. Sous nos yeux, deux élèves de la même école, après une discussion passionnée, ont failli en venir aux mains et per- sonne ne pouvait trancher leur différend car si l’un a appris de son enseignant qu’on dit le Covid-19, pour l’autre, c’est la Covid-19 qu’on lui a appris. De façon terre à terre, il faut mettre en avant le bon sens pour se rendre compte que Covid est une abréviation anglaise (corona virus desease) qui signifie:
maladie à coronavirus. On ne peut évidemment dire « le » maladie à Coronavirus. Comment diantre s’arroge-t-on le droit de dire sans gêne : « le Covid-19 » ? Un emploi abusif qui tend malheureusement à s’étendre jusque dans les documents administratifs et les pro – grammes scolaires. Les autorités publiques sont donc interpellées et au premier plan le ministre de l’Education nationale car cette pandémie qui nous dérange et s’attaque aux fondements de nos habitudes de vie a fait intrusion à l’école. Il y a donc lieu d’harmoniser son usage pour que pareille dis- pute entre deux élèves d’une même école, comme celle à laquelle nous avons assistée il y a quelques jours, ne se répète plus jamais. L’académie française a pourtant tranché cette question. Sans commentaire, nous vous livrons le point de vue de ce gardien de la langue française. Pour les académiciens, « Covid est l’acronyme de corona virus disease, et les sigles et acronymes ont le genre du nom qui constitue le noyau du syntagme dont ils sont une abréviation. On dit ainsi la S.N.C.F. (Société nationale des chemins de fer français) parce que le noyau de ce groupe, société, est un nom féminin, mais le C.I.O. (Comité international olympique), parce que le noyau, comité, est un nom masculin. Quand ce syntagme est composé de mots étrangers, le même principe s’applique. On distingue ainsi le FBI, Federal Bureau of Investigation, « Bureau fédéral d’enquête », de la CIA, Central Intelligence Agency, « Agence centrale de renseignement », puisque dans
un cas on traduit le mot noyau par un nom masculin, bureau, et dans l’autre, par un nom féminin, agence. Corona virus disease notons que l’on aurait pu préférer au nom anglais disease le nom latin morbus, de même sens et plus universel – signifie « maladie provoquée par le corona virus (“virus en forme de couronne”) ». L’académie française est donc formelle : « On devrait donc dire la covid 19, puisque le noyau est un équivalent du nom français féminin : maladie. » Mais pourquoi alors l’emploi si fréquent du masculin le covid 19 ? L’académie française, en s’intéressant à cette question, donne la réponse suivante : « Parce que, avant que cet acronyme ne se répande, on a surtout parlé du corona virus, groupe qui doit son
genre, en raison des principes exposés plus haut, au nom masculin virus. Ensuite, par métonymie, on a donné à la maladie le genre de l’agent pathogène qui la provoque. Il n’en reste pas moins que l’emploi du féminin serait préférable et qu’il n’est peut-être pas trop tard pour redonner à cet acronyme le genre
qui devrait être le sien. » La Covid-19 ! Pian ! Voilà donc ce qu’on doit dire car cela signifie : La maladie à coronavirus. Chassez donc le masculin qui vient tant nous importuner en ce mois consacré aux femmes !

B.N

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